Argumentaire
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L’environnement dans lequel évoluent actuellement les mineurs non accompagnés et les jeunes migrants en France peut être qualifié d’inhospitalier à différents niveaux (politique, juridique, social et sanitaire). Sur le plan juridique, les procédures de reconnaissance de minorité et d’isolement, pouvant freiner ou entraver leur accès à une protection, à un hébergement et un accompagnement social, constituent une source majeure d’angoisse pour ces jeunes. Du côté des politiques publiques, la répartition des compétences entre l’État et les collectivités territoriales en matière d’accompagnement de ces publics à chaque étape de leur parcours reste floue et fait l’objet de controverses parmi les professionnels, les militants et les décideurs. Enfin, en matière de santé somatique comme psychique, les dispositifs de soins et leurs équipes sont régulièrement confrontés aux besoins spécifiques de ces jeunes, mais aussi à la complexité de leurs parcours et de leurs situations. Ainsi, la précarisation des mineurs non accompagnés et des jeunes migrants sur le territoire se traduit par des ruptures successives, des situations de rue et d’emprise, ainsi qu’une perte de repères. Ces événements fragilisent profondément leur santé mentale, déjà dégradée par les épreuves difficiles auxquels ils ont été confrontés dans leurs pays d’origines et sur les routes migratoires.
Pour donner suite à la journée d’étude « Prendre soin des mineurs non accompagnés et jeunes migrants », organisée par la fondation OVE et l’Orspere-Samdarra en mai 2024, ce nouveau temps de réflexion et d’échange propose de questionner la notion d’hospitalité, aussi bien au sein des politiques publiques qu’au sein des pratiques d’accompagnement et de soin. Face à un environnement hostile, des pratiques hospitalières – prenant en compte l’extraordinaire, cherchant à comprendre et à s’adapter aux situations spécifiques – constituent un levier essentiel de soutien à la santé mentale de ces publics. Cependant, comment envisager l’hospitalité dans ce contexte ? Comment penser son rôle et sa place au cœur des interventions de soin et d’accompagnement social ? Comment mettre en pratique ou traduire cette notion afin de transformer les environnements, les espaces et les pratiques ?
Nous proposons d’explorer ces questionnements au travers de trois tables rondes. La première présentera le contexte dans lequel évoluent les jeunes migrants, l’environnement inhospitalier et son impact sur leur santé mentale. La seconde explorera des pistes d’interventions qui paraissent pertinentes dans la prise en compte de la santé mentale des jeunes migrants. Nous verrons ici comment des pratiques sensibles aux dimensions sociales et psychologiques peuvent participer à soutenir la santé mentale des jeunes. Enfin, la troisième table ronde ouvrira la discussion sur les leviers d’évolution des pratiques et des politiques afin d’inscrire davantage l’hospitalité au cœur des interventions.
En réunissant professionnels du social et du soin, bénévoles, chercheurs et acteurs des politiques publiques, cette journée ambitionne d’ouvrir des pistes de réflexion et d’action pour repenser l’hospitalité en tant qu’enjeu central de l’accompagnement et du soin.
Programme et inscriptions
Programme
Propos introductifs
- Damien de Laforcade, directeur de territoire, Fondation OVE
- Gwen Le Goff, directrice adjointe, Orspere-Samdarra
Première table ronde : (Faire) face à l’inhospitalité
Trier et protéger : les paradoxes d’un accueil inhospitalier pour les jeunes migrant.e.s
- Morane Chavanon, politiste, enseignante-chercheuse à l’ENSEIS, chercheuse associée au Centre Max Weber et membre associée de l’Institut Convergences Migrations
Qualifier l’environnement au prisme de ses impacts sur la santé mentale
- Élodie Picolet, psychologue chercheuse, Orspere-Samdarra
L’hospitalité psychique en clinique psychosociale transculturelle : comment nos patients précaires habitent à l’intérieur de nous
- Sydney Gaultier, psychologue cadre, département de psychiatrie du Centre hospitalier universitaire vaudois, université de Lausanne et université de Genève
Discutant : Vincent Tremblay, chargé d’étude, Orspere-Samdarra
Deuxième table ronde : Soutien social et santé mentale
Intervention de l’équipe mobile en santé mentale de la fondation OVE
- Valentin Cugulliere, psychologue, équipe mobile en santé mentale de la fondation OVE
- Lucile Berthaud, éducatrice spécialisée, équipe mobile en santé mentale de la fondation OVE
Les liens qui permettent de refaire un « chez soi »
- Nicolas Martine, coordinateur de programme, Médecins du Monde Caen
- Valderèse Bobin, psychologue bénévole, Médecins du Monde Caen
Discutante : Élodie Picolet, psychologue chercheuse, Orspere-Samdarra
Troisième table ronde : L’hospitalité dans les politiques et pratiques de soin
Santé mentale des MNA : une clinique des frontières ?
- Pauline Espi, pédopsychiatre, unité d’accueil pédiatrique de l’enfance en danger et service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent
Pour des politiques publiques d’hospitalité
- Benjamin Damasco, chargé de mission hospitalité, Métropole de Lyon
Trouble dans l’hospitalité : l’exemple du dispositif Un chez-soi d’abord jeunes
- Hervé Marchal, professeur de sociologie, LIR3S (UMR 7366 CNRS UBE), université de Bourgogne Europe, Directeur de la Maison des Sciences sociales et des Humanités (MSH) de Dijon (UBE, CNRS, MSH UAR 3516)
- Armand Raimbault, doctorant en sociologie, vacataire, LIR3S UMR 7366 CNRS UBE, Université de Bourgogne Europe
Penser l’hospitalité comme une qualité et l’envisager au-delà du seuil
- Joan Stavo-Debauge, titulaire d’un doctorat et d’une HDR en sociologie
Discutant : Nicolas Chambon, sociologue, Orspere-Samdarra
Conclusion
- Nicolas Chambon, sociologue, Orspere-Samdarra