Ces séminaires interdisciplinaires et interterritoriaux constituent des groupes qui visent la mise au travail d’une thématique. Ils permettent de rassembler les divers points de vue et pratiques sur une même question pour explorer ses enjeux et problématiques.
À partir des différentes approches théoriques et cliniques en 2024-25, les séminaires d’échange et de réflexion cliniques proposés par l’Orspere-Samdarra aborderont la thématique suivante : « Deuil, précarité et migration ». Les différents intervenants présenteront des études de cas issues de leurs pratiques, leurs présentations seront le point de départ des échanges.
Les soirées cliniques se déroulent mensuellement les jeudis de 18 h 30 à 20 h. Les participants peuvent y participer en présentiel à L’espace (Lyon 3) ou en ligne (visioconférence). Le cycle de ces soirées cliniques thématiques débute en octobre 2024 et se termine en juin 2025.
Présentiel : L’espace, 275 rue André Philip, Lyon 3
Webinaire : Le lien de la visioconférence vous sera communiqué après votre inscription
Les inscriptions sont ouvertes quelques semaines avant chaque soirée clinique. Le programme détaillé est également diffusé au fur et à mesure.
Programme des soirées cliniques 2024-25
« Traduire l’intraduisible, la mort et la disparition dans les parcours d’exil », le jeudi 17 octobre à L'espace (Lyon 3)
Intervention d’Ada-Luz Duque, interprète, responsable pédagogique et référente administrative du DU Dialogues – Médiation, interprétariat et migration et chargée de mission à l’Orspere-Samdarra.
Le rôle de l’interprète dans l’accompagnement des personnes exilées endosse plusieurs formes et teintes selon les liens tissés dans le partage de cette intimité du vécu. Les expériences traversées viennent se déposer dans cette traduction, qui va au-delà des mots, même lorsque celles-ci relèvent de l’indicible, lorsqu’on énonce à demi-mot, la perte ou la disparition des êtres chers.
Lors de cette soirée, nous allons dialoguer et explorer des pistes de travail entre thérapeute et l’interprète en s’appuyant sur des vignettes cliniques, sur l’exemple latino-américain et les travaux autour de la disparition.
« Le deuil dans l'humanitaire », le jeudi 21 novembre, événement en ligne
Intervention de Lou Einhorn-Jardin, psychologue
« Dernière demeure fixe. Les SDF et leurs obsèques: une enquête sur les rites funéraires », le jeudi 19 décembre, événement en ligne
Intervention de Yann Benoist, docteur en anthropologie sociale, spécialiste des questions de grande pauvreté. Ses enquêtes auprès des SDF ont conduit à deux livres et à de nombreux articles scientifiques sur le « sans-abrisme ». Chercheur associé au LEPS de la Sorbonne Paris-Nord, il conseille les collectivités locales sur les thématiques de la pauvreté, et dirige la collection « Terrains en Miroir » à L’Harmattan. Il est notamment l’auteur de Dernière demeure fixe. Les SDF et leurs obsèques : une enquête sur les rites funéraires (2022).
Que se passe-t-il au moment du décès et des funérailles des personnes sans domicile ? La mort des sans-abri est en effet un point aveugle des politiques publiques. Statistiques imprécises et rareté des études concourent à l’invisibilité des sans-abri jusque dans leurs obsèques. Pourtant, des rites funéraires variés accompagnent le décès des sans-abris, mis en place par leur entourage de la rue, et qui ont beaucoup à nous dire sur la façon dont les communautés humaines savent prendre soin de leurs morts.
Pendant cette soirée clinique, l’auteur partagera ses réflexions et expériences basés sur une enquête de plusieurs mois auprès des SDF, le présent ouvrage explore à la fois l’anthropologie des rites funéraires des sans-abri et, sous un jour nouveau, la sociologie des inégalités.
« La mort au cœur… des soins », le jeudi 30 janvier à L'espace (Lyon 3)
Intervention de Serena Tallarico, docteure en psychologie, anthropologue médicale, docteure en psychologie, Orspere-Samdarra.
« La mort est une question vitale » (Kübler-Ross, 2019 ) car les représentations de la mort et l’accompagnement des mourants nous poussent à nous réinterroger, en tant qu’individus et soignants, sur la place accordée à la vieillesse, la maladie, la « finitude » de l’être humain, la recherche du sens et la fin des soins au sein de nos institutions.
Depuis 2008, la mort et la fin de la vie dans des contextes médico-sanitaires sont interrogés par Serena Tallarico au sein de ses travaux. Ces notions sont également présentes et travaillées au sein de son expérience professionnelle en Italie, en tant qu’anthropologue et analyste de la pratique des équipes socio sanitaires, ainsi que formatrice et chercheuse en psychologie en France.
Une recherche ethnographique menée à Livourne, en Italie, entre 2008 et 2010, l’a amenée à rencontrer et à réaliser des entretiens avec des soignants autour de leur expérience et de leur vécu avec la mort, mais aussi sur la notion du « mourir » à l’hôpital.
En tant que co-thérapeute au sein des consultations de psychiatrie transculturelle « trauma » à l’Hôpital Avicenne, à Paris, entre 2012 et 2017, l’ont poussé à interroger les soignants ainsi que les patients sur la mort et la vie, notamment afin de questionner leurs représentations culturelles, mais aussi leur définition.
Lors de son intervention, Serena Tallarico présentera les résultats issus de la recherche ethnographique qu’elle a menée auprès des soignants qui sont confrontés à la mort. Elle exposera également une étude de cas clinique issue de sa pratique en psychiatrie transculturelle. Ces présentations seront le point de départ pour échanger avec les participants autour de leurs pratiques respectives, mais aussi pour partager les mots et les stratégies des soignants et des familles face à la mort.
Référence bibliographique :
Kübler-Ross, E. et de Hennezel, M. (2019). La Mort est une question vitale : L’accompagnement des mourants pour changer de la vie. Albin Michel.
« Deuil, fantôme, trauma », le jeudi 27 mars à L'espace (Lyon 3)
Intervention de Ludovic Roguet, psychologue clinicien à la permanence d’accès aux soins de santé (Pass) du Vinatier psychiatrie universitaire Lyon Métropole
« Loin de ses morts, comment vivre son deuil ? » le jeudi 17 avril, événement en ligne
Intervention de Magali Molinié maître de conférences en psychologie à l’Université Paris 8 et professeure associée à la Cornell University (Ithaca, NYS)
Lorsque les personnes primo-arrivantes en France, plongées dans la précarité, sont informées du décès d’un parent au pays, elles sont également confrontées à l’impossibilité d’y retourner afin d’assister aux funérailles. Un risque de complication du deuil existe dans ce type de situation.
Les professionnels impliqués dans l’accompagnement peuvent être surpris, inquiets ou se sentir démunis face à certains comportements d’une personne migrante récemment endeuillée.
Pour une meilleure compréhension de ces situations et l’identification de ressources possibles, cette soirée clinique s’attardera tout d’abord à faire un rappel des théories récentes du deuil avec une dimension transculturelle. Nous analyserons ensuite nos propres théories culturelles autour du deuil, puis, pour finir, échangerons sur des situations professionnelles vécues.
Magali Molinié est maître de conférences en psychologie à l’Université Paris 8 (Laboratoire psychopathologie et processus de changement – EA 2027) et professeure associée à la Cornell University (Ithaca, NYS). Articulant données psychologiques et anthropologiques, ses recherches portent sur le deuil et sur les dispositifs à partir desquels les humains opèrent la transformation des morts en êtres sociaux. Elle collabore aux activités cliniques, d’enseignement et de recherche du Centre Georges Devereux depuis une vingtaine d’années.
« Catégoriser le deuil ? », le jeudi 22 mai à L'espace (Lyon 3)
Intervention de Morgan Fahmi, psychiatre à la permance d’accès aux soins de santé (Pass) du Vinatier psychiatrie universitaire Lyon Métropole et membre de l’équipe de l’Orspere-Samdarra.
« J'ai peur de les oublier », le jeudi 26 juin, événement en ligne
Intervention de Sanchis Zozaya Javier, médecin cadre, coordinateur cantonal « santé mentale migrant.e.s en situation de précarité », responsable de l’unité psy migrants (PCO) et responsable de l’unité de soins aux migrants, enfants et adolescents (Supea)
Cette soirée clinique sera consacrée à la présentation de l’ouvrage « J’ai peur de les oublier », édité en 2022 , réalisée par l’auteur, Sanchis Zozaya Javier. La présentation sera suivie d’un temps d’échange avec les participants.
Présentation de l’ouvrage
Avec les migrants issus de l’asile on pense souvent au trauma psychologique, mais on oublie trop souvent que dans tous les cas, tous sont confrontés à des pertes et à des deuils innombrables. La question que l’on se pose est, comment accompagner ces jeunes vers un avenir plus prometteur, confrontés à de multiples deuils, en pleine adolescence, avec des différences culturelles et linguistiques ? À travers le témoignage de nombreux mineurs non-accompagnés dans le cadre de consultations psychothérapeutiques et des suivis dans des foyers d’accueil éducatif, nous allons mieux comprendre leur vécu, leurs peurs et leurs rêves, mais aussi les difficultés des professionnels qui les entourent. Ce livre vise un public large, pour des experts et non experts dans le domaine, et apporte des idées qui aideront à mieux penser les prises en charge psychothérapeutiques, psycho-éducatives ainsi que les politiques d’accueil et de santé publique.