Introduction
Après de nombreuses expériences dans différents domaines en tant qu’éducatrice spécialisée, je suis arrivée à l’Association LE MAS (Mouvement d’Action Sociale) en juin 2021.
J’avais postulé dans un service dit « socio judiciaire ». J’avais pu aborder la question de la prison durant mes études d’éducatrice spécialisée, puisque j’avais effectué un de mes 2 stages dans un centre de détention. Ensuite, j’ai quasiment toujours eu un lien avec la justice dans les différents postes que j’ai occupés, que ce soit dans la protection de l’enfance ou dans l’accompagnement des femmes victimes de violences conjugales.
Ce service « socio judiciaire » de l’association le M.A.S rassemble différents dispositifs : le BUI (Bureau unique d’insertion), qui est un accès aux droits, les professionnels interviennent en détention (à la maison d’arrêt de Corbas et au centre pénitentiaire de Villefranche), et en milieu ouvert pour les personnes en semi-liberté. Le P.E (Placement Extérieur), c’est un aménagement de peine qui peut être ordonné en faveur des personnes condamnées à une peine d’emprisonnement ferme qu’elles soient détenues (la personne termine sa peine à l’extérieur de la prison) ou libres (la personne effectue sa peine à l’extérieur sans avoir été forcément incarcérée), la personne est sous écrou. Le DHLSP (Dispositif d’Hébergement et de Logement pour les Sortant de Prison), les professionnels du dispositif se rendent en détention dans les 2 maisons d’arrêt du Rhône (Corbas et Villefranche) pour rencontrer les personnes et faire des demandes d’hébergement et/ou de logement notamment par le biais du SIAO. J’avais postulé sur le programme « PASSAGE », programme Logement d’Abord pour les personnes sous-main de justice, afin de travailler la transition entre la prison et le retour dans la société, sous le prisme du logement. La réussite de ce temps si particulier implique une concordance exacte entre les décisions du monde pénitentiaire et celles des bailleurs sociaux.
Le programme Passage est issu d’une expérimentation à la suite d’un appel à projet de la DIHAL en 2014. Le projet présenté consistait en un programme de réinsertion pour des personnes sortantes de prison. Le but était de garantir un maintien du logement pendant la détention ou un accès immédiat au logement à la sortie.
Le programme a connu quelques aléas et nous avons dû le repenser de manière qu’il puisse être le plus efficient possible. En effet, le programme m’avait été présenté comme un programme en grande difficulté tant d’un point de vue financier qu’avec les personnes accompagnées. De nombreuses personnes n’étaient plus en contact avec l’équipe de professionnels, sans que cette absence de lien soit parlée.
Pour avoir eu une longue expérience en CHRS, lorsque j’ai commencé à travailler sur ce programme, j’étais persuadée que le plus difficile serait d’obtenir des propositions de logements, et notamment des logements en bail direct. Je pensais que la grande partie de notre travail se situerait à ce niveau. Cependant le programme repensé a mis en évidence un tout autre problème à gérer : le problème de temporalité dans la gestion du « dedans au dehors », pour ce public spécifique. Le programme se retrouve aux confins de deux organisations bien différentes : l’administration pénitentiaire et son fonctionnement très codé et l’organisation des bailleurs sociaux, qui ont une place très particulière à Lyon et même dans le département du Rhône, au vu de la tension qui existe au niveau du logement sur ce territoire.
Nous rencontrons ce problème de temporalité, dans quasiment tous nos accompagnements avec des conséquences plus au moins impactantes en fonction des personnes. Je voulais à travers cet écrit mettre en avant ces difficultés rencontrées, qui peuvent ne pas être entendues à leur juste retentissement par rapport à ce public spécifique et de ce fait l’adaptation de notre accompagnement. (…)