Les principes de la « psychiatrie citoyenne » se résument en ces deux phases : permettre des soins de qualité pour tous, avec un accès le plus précoce possible – éviter l’exclusion sociale des personnes qui en sont malades.
Ces principes développés par l’Organisation Mondiale de la Santé lors de la campagne de promotion de l’année de la santé mentale en 2001, valent pour toute la médecine, pour toutes les affections : Sida, Diabète, Cancer, troubles psychiques, toutes les maladies bénignes ou graves sont concernées. Les troubles psychiques touchent 400 millions de personnes dans le monde et représentent la 2ème cause d’invalidation.
Voici quelques principes généraux pour atteindre les buts de la psychiatrie citoyenne :
1. Lutter encore et toujours contre la stigmatisation des personnes ayant des troubles psychiques
2. Développer les associations d’usagers. Les intégrer à tous les niveaux de responsabilité et renforcer leur rôle dans les systèmes de pilotage des programmes de santé
3. Décloisonner la psychiatrie et l’articuler à la médecine générale et au champ social
4. Promouvoir la psychiatrie dans la cité et proscrire toutes concentrations ségrégatives, qu’elles soient médicales, psychiatriques ou sociales (les concentrations pour handicapés ne doivent pas succéder aux concentrations pour « malades psychiatriques »)
5. Ne jamais confondre enfermement et soins : les services « fermés » en psychiatrie en médecine et dans le social ne devraient plus exister (100 000 personnes sont enfermées actuellement en France : 20 000 en psychiatrie, 18 000 dans les services pour handicapés, 75 000 personnes âgées). Il s’agit de « prisons » médicales et sociales. L’intervention de la justice est évidente. La médecine doit se contenter des soins
6. Renforcer l’accessibilité aux soins :
– par les réseaux avec la médecine générale, médecine du travail, pédiatrie, médecine scolaire,
– avec les Centres Communaux d’Action Sociale, les circonscriptions de service social, le médico-social,
– mettre en place des actions et formations croisées entre professionnels pour permettre une meilleure prévention et dépistage, ainsi que des meilleurs soins.
7. Permettre l’hébergement et le travail à toutes les personnes qui ont des troubles mentaux au long cours – maladies graves et invalidantes, droit au logement et à une activité sociale reconnue
8. Développer la recherche multichamp, clinique et sociale dans le champ des pathologies, de l’insertion et de la citoyenneté pour la déstigmatisation et la promotion des droits des patients
9.Ouvrir les conseils de service aux usagers et aux élus locaux, ainsi qu’aux partenaires sanitaires et sociaux du territoire :
– intégrer les équipes de psychiatrie dans les conseils de santé des villes et des collectivités locales,
– permettre le décloisonnement Etat – région – département – ville, dans le cadre des contrats pluriannuels de santé mentale,
– intégrer la santé mentale dans les conseils sanitaires de secteur, les PRAPS, les PRS et les commissions départementales pour les handicapés,
– intégrer les élus locaux dans la gestion de proximité de l’insertion sociale des personnes ayant des troubles psychiques.
10. Mettre toute structure de soins à proximité et intégrée dans le système de médecine en général, et social en général. Pas de ségrégation.
Avec ces principes, la psychiatrie citoyenne est en marche.