Introduction
Le médecin de famille est souvent le premier interlocuteur d’un patient à son entrée dans un parcours de soins. Si, dans la relation médecin malade il est en général le seul à détenir le savoir scientifique, en revanche, il partage de nombreuses références sociétales et culturelles avec son patient ainsi bien sûr qu’une langue commune qui lui permettent souvent de déchiffrer des symptômes non directement exprimés par le patient.
De plus en plus, le médecin est confronté à une altérité qui lui est inconnue et cela engendre des difficultés de prise en charge.
Depuis le début de mes études médicales et sans doute depuis bien avant, je me suis toujours intéressée aux autres cultures et, à de multiples occasions, j’ai réalisé des stages à l’étranger essentiellement en Afrique Sub Saharienne et en Inde. J’ai d’ailleurs rédigé ma thèse de médecine (qui était en réalité de l’anthropologie médicale) grâce à une étude réalisée à Ouahigouya, petite ville du nord du Burkina Faso.
Ces voyages m’ont permis de rencontrer des confrères médecins, formés à la médecine occidentale telle que je l’avais apprise mais dont les patients avaient d’autres façons d’appréhender la maladie et par conséquent de l’exprimer. Je me retrouvais perdue devant la description clinique d’une simple sciatique et devais sans cesse faire de gros efforts d’imagination pour pouvoir comprendre ce que les patients m’exprimaient et dans la plupart des cas je devais avoir recours à un confrère « interprète de symptômes ».
Une fois thésée, je suis allée exercer pendant 6 années au Burkina Faso puis, en rentrant en France en juillet 2020, j’ai été recrutée par le département de Saône et Loire qui avait l’idée de développer des consultations de médecine générale dédiées au public précaire notamment issu de la migration. (…)