Propos introductif de la matinée
Ouverte par Halima Zeroug-Vial, nouvelle directrice de l’ORSPERE-SAMDARRA, cette journée d’étude annuelle soutenue par la DGS sur l’incurie à domicile a réuni, dans l’amphithéâtre Charles Mérieux de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, une audience large et variée, témoignant sans aucun doute de l’intérêt porté par un spectre étendu de professionnels à la question de l’habitat et plus particulièrement de l’incurie dans le logement.
La matinée s’est consacrée à interroger l’incurie à domicile comme entité clinique et comme problématique sociale ou de santé publique, de manière à débattre sur la question de la légitimité des différents acteurs potentiellement appelés à intervenir dans ces situations. La discussion s’est articulée autour des manifestations de cette manière singulière d’occuper son logement et d’être en lien avec les autres, qui peuvent relever de catégories médicales, sociales, administratives…
Anne-Marie Durand
Directrice de la Santé Publique de l’Agence Régionale de Santé Rhône-Alpes, Anne-Marie Durand rappelle le choix opéré par l’ARS de ne pas s’en tenir au traitement juridique des situations d’incurie qui relèvent des priorités du projet de prévention et de lutte contre l’habitat indigne. Ce choix politique met ainsi en lien différents acteurs de la santé mentale et du logement et invite à la création et au développement de stratégies communes.
Jean Furtos
Psychiatre engagé de longue date dans les questions de santé mentale et précarité, co-fondateur de l’ORSPERE-ONSMP, Jean Furtos nous présente sa réflexion sur la question de l’habiter qui dépasse largement le fait d’avoir un logement et renvoie à la dimension de la construction identitaire. Rappelant l’histoire de ce syndrome originairement lié au vieillissement et les controverses autour de l’utilisation du nom du philosophe cynique Diogène pour le qualifier, Jean Furtos insiste pour le considérer comme une manifestation transversale de souffrance psychique, potentiellement observable dans tout le spectre de la psychopathologie, qu’il inscrit dans le cadre plus général des travaux de l’ORSPERE-ONSMP (Furtos & Laval, 2005) sur la clinique psychosociale. Pour Jean Furtos, le syndrome de Diogène est un cas particulier du syndrome d’auto-exclusion qui se joue dans le rapport au corps, au logement et aux autres. La difficulté d’intervention liée à l’absence de demande dans ces configurations psychopathologiques doit nous conduire à organiser une éthique d’accompagnement fondée sur une démarche proactive de demande portée et de prise en compte des exigences sociales, que Jean Furtos met en lien avec les pratiques de coaching comme art « d’arriver à un juste compromis entre les symptômes et la vie sociale ». (…)