INTRODUCTION
C’est la rencontre avec plusieurs patients migrants en situation de précarité et les difficultés
rencontrées dans leur prise en charge au Centre Médico-Psychologique (CMP) qui m’a conduit à m’inscrire au DIU. Très rapidement, la rencontre avec ces patients est venue « bousculer » mes
pratiques habituelles de psychiatre de secteur. La clinique était marquée par les violences subies dans le pays d’origine; la complexité des trajets migratoires, l’exil, la lourdeur et la longueur des procédures de régularisation, les problèmes de langues, d’accès au logement… Face à ces situations complexes, lourdes, je ressentais un sentiment d’impuissance et j’ai pu douter de l’authenticité de la demande de soins de certains patients avec l’impression d’être instrumentalisée.
En effet, la psychiatrie est interpellée à différents niveaux au sujet des migrants n’ayant pas
de papiers. Elle est interpellée comme dispositif soignant et thérapeutique mais aussi comme
délivreur de certificats divers. J’ai découvert par bribes au fur et à mesure des suivis le chemin à
parcourir pour le migrant dans le cadre de la demande d’asile puis dans la situation de demande de titre de séjour pour raisons médicales.
Plusieurs questions se sont alors posées, la principale étant : Quels soins psychiques proposés à ces personnes dont la priorité est la survie au quotidien ? L’objectif de ce mémoire est de pouvoir réfléchir sur notre pratique afin d’améliorer le suivi que nous proposons au CMP aux patients migrants précaires.
Ce mémoire est composé de trois parties Dans la première partie je situerai mon activité au
sein du CMP et présenterai les situations cliniques. Dans la deuxième partie, je préciserai les spécificités cliniques retrouvées chez les migrants en situation de précarité puis je tenterai d’apporter un éclairage et des pistes concernant l’indispensable travail de lien pluridisciplinaire et la position soignante. La troisième partie s’intéressera à la question des certificats médicaux, aux enjeux autour des demandes de certificats afin de mieux comprendre ce qui se joue au niveau thérapeutique. (…)