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Edito

Marie GILLOOTS

Année de publication : 2003

Type de ressources : Rhizome - Thématique : Psychiatrie, PUBLIC PRECAIRE, SCIENCES HUMAINES, SCIENCES MEDICALES

Télécharger l'article en PDFRhizome n°11 – La souffrance est-elle sexuée ? (Avril 2003)

La précarité s’incarne dans des sujets sexués. Retrouver cette vérité, à la fois simple dans l’évidence de sa formulation, et complexe car elle concerne tout à la fois les déterminants biologiques, les comportements sociaux et les normes culturelles, c’est ce que propose ce numéro de Rhizome. En quoi est-ce différent d’être un homme ou une femme lorsqu’on est en errance, à l’hôpital ou au travail ?

La différence sexuelle infiltre les modalités du plaisir et de la procréation mais aussi l’appréhension de la souffrance et la façon d’y faire face. Dans les études du stress chez l’animal ce qui n’était qu’un artéfact à éliminer devient objet d’étude. En anthropologie ce regard nouveau amène une déconstruction du sujet « homme » asexué ou assimilé à l’individu de sexe masculin, le féminin n’étant qu’une variante, un cas particulier. Il ne s’agit pas pour autant de revendication féministe : depuis que la femme existe « aussi » comme sujet anthropologique, le masculin peut être considéré dans la singularité de son expérience.

La société traite et maltraite différemment hommes et femmes. Et il y a des modalités masculines et féminines de subir, esquiver, résister, partir à la dérive. A l’opposition classique d’un féminin passif et d’un masculin actif se substituent des paradigmes dans la façon d’habiter son corps, reconnaître et partager sa souffrance. Les femmes ne sont pas seulement les premières victimes de l’exclusion sociale et de l’injustice au travail, leur vulnérabilité peut être de surcroît le moteur d’une résistance individuelle et collective. Elles peuvent également adopter des stratégies de revendication virile, dans une caricature de la masculinité. Les hommes apparaissent plus démunis pour dire leur souffrance et ont alors recours au passage à l’acte, violent ou suicidaire. Si les hommes parlent peu, le discours des professionnels et des chercheurs se trouve également en défaut pour énoncer les difficultés de la position masculine. Ainsi ce numéro de rhizome rend compte majoritairement de l’expérience des femmes, dans ce qui représente plus un état des lieux qu’un parti pris.

Le champ de la précarité se trouve doublement affecté par la différenciation sexuelle. Aborder la question du genre donne de la chair au discours. Les textes de ce numéro ont chacun une dimension clinique, et donnent un éclairage, nécessairement partiel, de ce vaste chantier. Il s’agit en effet ici de la répartition différente de la maladie mentale en fonction du sexe, du risque suicidaire et du pronostic dans la schizophrénie, de la fragilité dans le travail et de la précarité professionnelle, des contraintes sociales et culturelles dans l’exercice de la sexualité, des trajectoires d’exclusion, de la délinquance et également de la complémentarité homme/ femme dans la relation d’aide et de la spécificité des rôles.

Enfin, se reconnaître comme sujet sexué ouvre pour chacun l’appréhension de la précarité, dans sa dimension d’incomplétude et de vulnérabilité.

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