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« Docteur, j’ai mal à ma psychiatrie… »

Myriam ALDERTON - Présidente et fondatrice de l’Association Médiation dans le Var : Accueil et aide à l’insertion d’un public sans domicile

Année de publication : 2002

Type de ressources : Rhizome - Thématique : PUBLIC PRECAIRE, TRAVAIL SOCIAL

Télécharger l'article en PDFRhizome n°10 – La psychiatrie publique en questions – 3ème volet : Au milieu du gué (Décembre 2002)

Actrice du social depuis bientôt 15 ans, le premier numéro de la trilogie proposé par Rhizome sur l’avenir de la psychiatrie publique, me laisse perplexe .

Je m’étais dit en effet, sans doute naïvement : « Enfin, la parole est donnée aux  spécialistes, on va comprendre le malaise de la psychiatrie en France ! »

La personne en souffrance psychique, euphémisme de « dans la merde », est à mon sens le symptôme d’une société qui « éclate » (dans tous les sens du terme).

Cette personne raisonne en discordance à la fois dans l’aire des inclus de notre société mais aussi, ce qui est plutôt étonnant, dans le champ de la psychiatrie.

Ainsi, notre société moderne et le modèle de sa famille nucléaire s’éclate ! En myriades d’atomes, en rave-party collectives ou en naufrage volontaire et solitaire, comme nous le rappelle Patrick Declerck dans son ouvrage sur la désocialisation.

« Le désir est indestructible », mais il faudrait ici ajouter : de vie comme de mort car la question du choix demeure…

Les mentalités sont les plus lentes à évoluer ; la prodigieuse révolution technologique de ce dernier siècle entraîne des conséquences considérables sur notre environnement vital et perturbe nos façons d’être au monde.

Peut-on parler de maladie sociale, de trouble, d’inadaptation de notre inconscient collectif à tous les niveaux ?

C’est un lieu commun de dire que même les couches de la société dites privilégiées peuvent être aujourd’hui frappées par ce phénomène.

Quoi qu’il en soit, la personne en souffrance psychique interpelle le secteur psychiatrique et tant mieux car elle incarne l’antidote à l’enfermement que représente la norme, ainsi que le droit incoercible à la déviance.

La question des moyens ou de l’inadéquation des structures spécialisées me fait parfois l’effet d’un alibi corporatiste difficilement crédible ; la formation à venir des médecins psychiatres me semble un problème beaucoup plus pertinent.

Je termine ma modeste intervention en ajoutant que la précarisation du secteur de la psychiatrie peut être l’occasion d’une remise en question de l’ensemble de notre société, à la condition de ne pas enfermer tous les « fous » en prison !

Laissons donc les déviants nous interpeller dans notre humanité qui « fout l’ camp »…

Je reste confiante. A Rhizome on semble avoir les racines solidement ancrées mais attention à ce que la mauvaise herbe n’envahisse pas le champ de la santé mentale, ni celui de l’innovation sociale qui restent encore pour tous à cultiver.

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